D’après une enquête récente, 83 % des cadres et gestionnaires ont déjà eu recours à une IA générative dans leur travail. De plus, 73 % indiquent que l’intégration de l’IA a eu un impact sur l’emploi au sein de leur entreprise.
Quels changements l’intelligence artificielle va-t-elle apporter au monde du travail, aux employés et aux gestionnaires ? Comment préparer les salariés à l’avènement de l’IA générative ?
Comment l’IA va-t-elle remodeler le paysage du travail ?
Nous observons les évolutions actuelles au sein des entreprises et des structures organisationnelles collectives, ce qui conduit à reconnaître l’avènement d’un nouveau paradigme : la quatrième révolution industrielle. Cette évolution s’inscrit dans la continuité des révolutions productives antérieures : la première révolution industrielle, caractérisée par la production mécanique; la deuxième révolution industrielle, axée sur la production de masse à la fin du 19e siècle ; enfin, la troisième révolution industrielle, débutée dans les années 1970, marquée par l’introduction de l’électronique, de la robotisation et des technologies de l’information, favorisant une automatisation étendue de la production.
La quatrième révolution industrielle, également appelée industrie 4.0, englobe des concepts tels que l‘internet des objets, le Cloud, le Big Data, les systèmes cyber-physiques et l’intelligence artificielle. Dans ce contexte révolutionnaire, il devient perceptible que, dans certains domaines, les capacités des machines progressent plus rapidement que celles des êtres humains, les rattrapant même.
Quels seront les impacts de l’IA sur les emplois et les compétences ?
Les effets transformateurs de l’IA sur le monde professionnel seront divers : économies de productivité attendues, évolutions des rôles des managers, changements dans la perception du travail, modes de collaboration et de création de valeur collective, redéfinition de la notion de « valeur travail » entre les individus et les machines, méthodes d’apprentissage, ainsi que transformations des métiers et des compétences.
Concernant cette dernière catégorie de transformations, celle des métiers et des compétences, on peut identifier quatre niveaux d’impact :
- Réduction de certaines activités au sein d’un métier : les outils d’IA remplaceront une partie des tâches effectuées par les employés, voire seront directement utilisés par les clients pour accomplir eux-mêmes ces tâches (par exemple, en créant leurs propres images et logos).
- Renforcement des compétences pour accroître la productivité : les collaborateurs maîtrisant l’IA générative seront en mesure d’accomplir un éventail plus large de tâches, d’être plus créatifs et d’apprendre plus rapidement que leurs collègues qui ne possèdent pas cette compétence.
- Élimination de certains emplois : bien qu’il soit encore trop tôt pour prédire l’ampleur de ce phénomène dans l’évolution de l’IA générative, il semble probable qu’elle remplacera une partie des emplois dans des secteurs où les compétences en programmation, rédaction, manipulation de données ou design sont prédominantes, ainsi que dans les domaines où les tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée sont nombreuses.
- Création de nouveaux emplois : de nouveaux métiers commencent à émerger, principalement axés sur la capacité à entraîner et à utiliser ces nouvelles IA. Cette tendance devrait se poursuivre et entraîner éventuellement des spécialisations poussées dans certains domaines d’activité, comme le prompt engineering dans le domaine artistique.
Peut-on envisager un concept de « collaborateur augmenté » grâce à l’utilisation future de l’IA ?
L’humain se distingue par sa capacité à utiliser des outils. Cette particularité n’est pas exclusive à notre espèce, mais notre aptitude à créer et utiliser des outils dépasse largement celle des autres organismes vivants, tant en termes d’inventivité que de régularité dans cette inventivité. Nous cherchons continuellement à accroître nos capacités mentales et physiques en recourant à des extensions cognitives et matérielles afin d’accomplir davantage, plus rapidement, plus efficacement.
Cette quête d’extension de soi a débuté il y a bien longtemps, avec des outils tels que le biface en silex, et depuis, nous n’avons cessé d’étendre nos capacités à travers une multitude d’inventions : voitures, doudounes, Google Maps, skis, couteaux suisses, micro-ondes, pianos à queue, avions, pour n’en citer que quelques-unes. La dernière innovation significative, notre dernière frontière dans l’extension de nos capacités cognitives, est la création de l’IA. Ainsi, l’IA peut être considérée comme une évolution naturelle de l’espèce humaine.
Dans le contexte professionnel, cette capacité humaine à concrétiser des concepts et des idées en outils matériels se traduit par des termes tels que « innovation », « optimisation », « transformation » ou « réorganisation ». Il est donc légitime d’envisager un collaborateur augmenté par l’IA, une extension de l’humain au travail, qui s’intègre dans des réorganisations organisationnelles plus larges.
Pourquoi est-il impératif de faire progresser ses employés face à l’essor de l’IA ?
Cette nécessité est fondamentale pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle concerne l’employabilité, car il est envisageable que dans un avenir proche, une part significative des tâches de chaque métier soit réalisée par des IA.
Le manque de développement des compétences dans ce domaine, qui est également une responsabilité partagée entre l’employeur et le collaborateur, pourrait entraîner une fracture numérique dans le monde du travail. Cette fracture opposerait les collaborateurs qui ont amélioré leurs compétences et ceux qui ne l’ont pas fait, ce qui accentuerait l’employabilité des premiers à mesure que les outils d’IA gagneraient en maturité et seraient intégrés dans la collaboration humain-IA pour la création de valeur.
De plus, c’est également crucial, que ce soit au niveau sectoriel, national ou mondial, pour rester compétitif. Si l’IA permet par exemple de réduire les coûts de production de 15 %, cet avantage serait considérable et il serait donc impératif de le saisir pour rester dans la course sur le plan concurrentiel.
Comment soutenir et former les collaborateurs ?
Pour accompagner les collaborateurs dans l’amélioration de leurs compétences face à cette transformation, je vois deux domaines d’intervention complémentaires. D’une part, il s’agit de développer leurs compétences dans le domaine des outils d’IA à travers l’expérimentation sur des cas concrets, des programmes de formation, des sessions de sensibilisation et de découverte.
D’autre part, il est crucial de renforcer les compétences spécifiquement humaines qui sont essentielles dans le travail et qui, a priori, ne seront pas remplacées par les IA à l’avenir. Ces compétences constituent ce que l’on peut considérer comme la « valeur travail » propre à l’humain, en complément de la maîtrise et de l’utilisation des IA.
Il s’agit par exemple de : la capacité à raisonner et à agir en situation, le sens critique, l’analyse, la créativité et l’innovation, la capacité à poser des questions pertinentes, le leadership, l’empathie, l’intelligence émotionnelle et relationnelle, la conscience de soi et des autres, les compétences collaboratives, le sens de l’éthique, la résilience et l’agilité.
Quel serait donc le rôle des managers dans un avenir où l’IA serait omniprésente ?
On entend parfois dire que l’intelligence artificielle représente une menace pour les travailleurs au sein des entreprises, suggérant qu’il y aura moins de place pour les humains dans les organisations professionnelles. Cette affirmation est erronée.
En réalité, l’intelligence artificielle offre plutôt une opportunité pour une plus grande valorisation de l’humain dans l’entreprise, en mettant en avant les compétences spécifiquement humaines que les IA ne possèdent pas (comme mentionné précédemment). Cela implique une redéfinition de la « valeur travail » du collaborateur, et donc également celle du manager.
Dans le futur, l’un des rôles clés du manager sera de cultiver et de favoriser le développement de ces compétences humaines uniques au sein de ses équipes. Faciliter la collaboration entre les humains et les IA constituera également une responsabilité majeure du manager :
- Anticiper l’évolution des compétences au sein de son équipe à la lumière de cette révolution, voire contribuer à définir des politiques de reconversion professionnelle.
- Évaluer la répartition idéale des tâches entre les humains et les IA (tâches « IA-isables » versus tâches nécessitant des compétences humaines uniques).
- Encourager les collaborateurs à utiliser les outils d’IA en leur garantissant leur valeur ajoutée et leur pertinence à long terme.
- Guider les équipes dans les différents modes de collaboration entre humains et IA.
Ces modes peuvent être variés : collaboration déléguée (travail d’équipe où les IA traitent rapidement l’information et génèrent du contenu, tandis que les humains apportent leur expertise, leur créativité et leur esprit critique), compétition constructive (réalisation d’une même tâche en parallèle entre IA et humain, avec comparaison des résultats), collaboration intégrale (au-delà de la simple délégation de tâches, une véritable co-création entre humains et IA), collaboration entre experts (en demandant à l’IA d’agir comme un expert spécifique, par exemple). C’est une forme de révolution managériale qui se profile à l’horizon !
Gestmax
Talent processing solution
Vous souhaitez tester l’ensemble des fonctionnalités de Gestmax ?
N’attendez plus pour demander votre démonstration, c’est gratuit et c’est sans engagement !